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Les copains d'Alain

Alain est né le 25 février 1974

Il y a 45 ans la prise en charge des psychoses infantiles, (puisqu’on ne parlait pas encore de troubles autistique), ne lui a pas permis de bénéficier d’un accompagnement éducatif spécialisé, ni d’être scolarisé en milieu ordinaire.
Après l’échec en maternelle, il a suivi le parcours classique d’un enfant handicapé : hôpital de jour, institut médico-éducatif, …

Mais il a pu profiter d’apprentissages de type Maria Montessori pendant 9 ans à Lyon, c'est là qu'il a acquis de nombreux repères spatiaux, temporels, ainsi que les couleurs et les nombres !

Il a dû subir des interventions chirurgicales suite à une hémiplégie infantile gauche, le port de terribles chaussures orthopédiques et de douloureuses rééducations !

Puis il a connu l’institution,

la vie en collectivité difficilement compatible avec son fonctionnement autistique…

Et sa mère,

les culpabilisantes théories psychanalytiques…

Jusqu’à ce qu’en 2000 je décide de le retirer de l’établissement dans lequel il régressait et devenait violent… Et donc d'abandonner mon métier d'éducatrice !

"... Je venais de déposer Alain dans son centre et j’étais mal de le quitter ainsi...

Dans cette salle à manger de collectivité qui n’a pas d’âme et dont les chaises sont retournées sur les tables entre les repas.

Avec à côté, les mêmes résidants que je retrouve chaque fois, à la même place, dans cet espace, lui trop habité, qu’est le coin salon.

 

Sachant qu’il ne sert à rien de me torturer, j’allume l’autoradio pour tenter de tromper mon esprit... Je tombe sur une émission de France Inter avec comme invitée l’épouse de l’écrivain Jean Vautrin : “ La vie ripolin”.

Eux aussi ont un enfant souffrant du syndrome autistique.

J’ai pris l’émission en route, mais j’ai pu entendre quelques brides de son témoignage, il a profondément résonné en moi :

- Elle a su trouver les mots pour tenter d’exprimer sa place de femme et de mère dans cette vie différente à partager.

- Dire notre conscience que nos enfants dépendent du bon vouloir des autres...

- Qu’ils nous apprennent tant, à nous ouvrir, à réfléchir...

- Et cette question qu’elle a su se poser : “ Qu’aurais-je pu faire de plus beau de ma vie ? “

 

J’ai tant d’amis dans le mal-être de ne pas savoir trouver leur place, Alain m’a épargné l’angoisse de ce questionnement, il m’a offert mon fil d’Ariane...

Et si notre vie est dure, peut-on rêver voyage plus passionnant que celui qui chemine vers la compréhension de cet autre, si différent et si humain ?

 

- Que notre parcours n’est pas un sacrifice, mais un don...

- Que pour ne pas sombrer, nous sommes condamnés à trouver le moyen de nous accomplir dans ce que l’on a à vivre...

- Qu’il nous faut trouver notre compte dans la lutte pour le respect de la différence...

 

Merci autre 'petite mère' de m’avoir offert tes mots, car en eux, j’ai puisé le courage de dire : 'Non ! Alain ne restera pas dans cet établissement !'

 

Et au rythme des km, la paix est revenue en moi.

Il n’était pas encore temps de s’interroger sur notre devenir, mais de jouir de la merveilleuse sensation d’oser être en accord avec soi-même...

 

Bon, c’est clair, après, faut assumer !

 

Mais, le courage une fois encore, c’est Alain qui me le donne, dans le soulagement qu’il a pu me montrer lorsque je lui ai annoncé ma décision. Dans les : “ Le dire au centre “ qu’il n'a cessé de répéter,..."

Aujourd'hui Alain a une bonne autonomie dans les actes ordinaires de la vie quotidienne et une grande demande de relations sociales :


''Voir les amis ! Voir les amis !''